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Après une de grève de la faim débutée le 20 octobre dernier pour protester contre les conditions d’incarcération délétères du régime 41-bis et des pourvois en cassation non concluants, l’ONU vient de se saisir du dossier d’Alfredo Cospito, qui menace l’Italie d’un scandale international. Plus que de la situation d’un homme, il s’agit d’une véritable remise en cause d’un régime de détention qui, sous couvert de sécurité nationale, se révèle anticonstitutionnel et bafoue les droits humains.

Alfredo Cospito, militant anarchiste, est incarcéré en 2014 pour avoir tiré dans la jambe du directeur d’un groupe nucléaire italien. À cette première peine de onze ans s’ajoute une seconde condamnation, en 2016, pour avoir déposé deux colis piégés devant une école Carabiniers, dix ans plus tôt. Bien que le procès eût démontré qu’il s’agissait d’un attentat démonstratif, dépourvu de toute volonté sanglante et qui ne fit ni blessé ni victime, la réclusion initiale de vingt ans pour acte terroriste a été revue par la Cour de Cassation en peine à perpétuité incompressible pour massacre aggravé contre la sûreté de l’État. En 2022, la machine carcérale poursuit son acharnement et la ministre de la justice, Marta Cartabia, demande quatre ans de détention sous le régime 41-bis, au motif que Cospito maintenait, à travers ses lettres, des contacts avec les anarchistes.

Le régime 41-bis, justement, est la substantifique moelle de cette affaire. Introduit en 1986, il a été pensé pour couper les dirigeants mafieux de toute communication et les empêcher de poursuivre leurs activités. Il prévoit de nombreuses mesures extrêmes : isolement 22h/jour ; surveillance vidéo 24h/24 ; une heure de visite mensuelle derrière une vitre ; courriers retenus ; interdiction d’accéder aux livres et aux journaux…

Dénoncé de toutes parts, ce régime reste en vigueur. La Cour européenne des droits de l’homme a estimé qu’il violait deux articles de la CEDH. L’aggravation très critique de l’état de Cospito a suscité de nombreux émois, en Italie comme en Europe. Il a été transféré dans une prison médicalisée et son recours a été avancé à deux reprises. Fin février, il a toutefois été décidé que le 41-bis ne sera pas révoqué. L’avocat de Cospito a saisi le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, qui, avant de rendre sa décision, a demandé de respecter les normes internationales sur les conditions de détention. Affaire à suivre.

Sources :

GIANNOLI Viola, « Cospito, l’Onu: « L’Italia rispetti la dignità e l’umanità della pena »», La Repubblica, 3 mars 2023. URL : https://www.repubblica.it/cronaca/2023/03/03/news/cospito_onu_misure_temporanee_cautelative_urgenti-390343271/

Il Post, « Il caso dell’anarchico Alfredo Cospito, dall’inizio ». URL : https://www.ilpost.it/2022/12/28/alfredo-cospito-pena/

BEI Francesco, « La sfida di Cospito: “Pronto a morire in cella, il corpo è la mia arma »», La Repubblica. URL : https://www.repubblica.it/cronaca/2023/01/13/news/la_sfida_di_cospito_pronto_a_morire_in_cella_il_corpo_e_la_mia_arma-383283278/

KAVAL Allan, « En Italie, la grève de la faim d’un terroriste anarchiste relance le débat sur les conditions de détention », Le Monde. URL : https://www.lemonde.fr/international/article/2023/01/30/en-italie-la-greve-de-la-faim-d-un-terroriste-anarchiste-relance-le-debat-sur-les-conditions-de-detention_6159895_3210.html

MORANTE Beniamino, « “Si Cospito meurt…” : en Italie, la colère des anarchistes », Courrier international. URL : https://www.courrierinternational.com/article/politique-si-cospito-meurt-en-italie-la-colere-des-anarchistes

Courrier international, « Quatre-vingt-six jours de grève de la faim : un anarchiste italien proteste contre sa détention stricte ». URL : https://www.courrierinternational.com/article/justice-quatre-vingt-six-jours-de-greve-de-la-faim-un-anarchiste-italien-proteste-contre-sa-detention-stricte