Il était de ceux que l’on admirait autant que l’on détestait. Clivant, jamais irréprochable mais toujours sincère. Maradona n’était ni un héros ni un dieu. Il était un homme parmi les hommes : empli de paradoxes, tiraillé entre le bien et le mal, consumé par ses contradictions. Il n’est ni à prendre en exemple, ni à condamner sur la place publique des bonnes mœurs par des policiers de la bonne conscience. Diego est un enseignement à tirer. Parcourir sa biographie, c’est en apprendre plus sur nous-mêmes. Sa vie fut partagée entre grandeur et décadence, passements de jambes et nez poudrés, engagements politiques et violences. Il était l’incarnation même de l’hybris (ὕϐρις) et, n’en déplaise aux antiques, il n’aurait jamais substitué la tempérance à sa démesure.
Mais derrière les excès, Diego Maradona c’est avant tout l’histoire d’une ascension sociale fulgurante. Started From The Bottom et aujourd’hui figure mondiale. Son toucher de balle et son jeu de jambes lui ont permis de braquer l’ascenseur social et de l’extirper du bidonville de Villa Fiorito, dans les faubourgs de Buenos Aires.
Il a eu le courage de rejoindre l’Europe, ce que très peu de joueurs sud-américains faisaient, en signant au FC Barcelone en 1982. Mais c’est à Naples, deux ans plus tard, que son mythe s’est accompli. De son séjour italien, il repartira avec deux scudetti, une coupe d’Italie, une coupe UEFA, sans oublier une passion exacerbée pour la cocaïne, des relations hasardeuses avec la Camorra et des dettes colossales envers le fisc.
Mais Diego Maradona, c’est aussi la Coupe du Monde 1986 où, alors âgé de vingt-cinq ans et au sommet de son art, il porte l’Albiceleste vers le titre. Nous nous souvenons encore du quart de finale d’anthologie face à l’Angleterre, lequel a marqué les annales de la compétition avec la Main de Dieu et le but du siècle. Les paroles de Víctor Hugo Morales résonnent encore dans nos esprits : « Barrilete cósmico, ¿ de qué planeta viniste para dejar en el camino a tanto Inglés ? » [« Cerf-volant cosmique, de quelle planète es-tu venu pour laisser tant d’Anglais derrière toi ? »]
Sa légende est telle qu’il est acclamé par les napolitains lors de la demi-finale opposant l’Argentine à la Squadra Azzurra lors de l’édition suivante du mondial. Le stade San Paolo, qui accueille ladite rencontre, devient le théâtre d’une étrange confrontation. Les tifosi napolitains sont partagés entre le soutien au héros local et à leur nation. L’ambiguïté est exacerbée par certaines banderoles déployées dans les tribunes, sur lesquelles nous pouvons lire : « Diego dans nos cœurs, l’Italie dans nos chants » ou encore « Maradona, Naples t’aime, mais l’Italie est notre patrie ».
Même s’il nous a quittés, Diego Maradona reste vivant dans l’esprit de tous les amateurs de football et spécialement des napolitains dont le stade San Paolo vient d’être rebaptisé stade Diego Armando Maradona en son honneur.
Très beau Matteo.Mes fils etaient très émus et très tristes.Vincent (el menor) m a dit « Maman Maradona c était el sentimiento,la ilusión au sens español du terme.je t embrasse.
Peu importe le sujet, c’est toujours aussi bien écrit. Félicitations. Et oui, il était un grand homme. Paix à son âme.
Un grand monsieur. De noombreux écarts malheureusement. Comme tu l’as dit, il n’est pas à prendre en exemple. Mais il n’est pas à clouer au pilori non plus. Grand respect pour le sportif qu’il a été.
Pas très branché football mais quel personnage ! Un authentique comme on n’en fait pratiquement plus de nos jours !
Bon vent amigo ! Nous n’ooublierons jamais tes exploits ! Naples te remercie, l’Argentine te remercie, le monde te remercie.
J’ai ouï dire qu’Olivier Guez était en plein rédaction d’un ouvrage consacré à Maradona. Hâte de lire cela. En attendant, je me délectque de ta plume avec autant de passion. Bravo pour cet hommage.
Brillant !
Glorifier un cocaïnoman qui frappait les femmes…. Et puis quoi encore ? Rien à foutre de sa mort. On t’a connu plus moral que ça. Je ne cautionne pas et je vais arrêter de te lire si ça continue comme ça.
Mais votre génération commence à nous les briser avec votre morale. Rien n’empêche de saluer le sportif qu’il était et le personnage qu’il représentait. Et je crois que vous n’avez pas lu l’article. Mattéo a très bien mentionné toute l’ambivalence et la complexité de cet homme. Il a littéralemeent dit qu’il n’était « ni un héros ni un dieu ». Qu’est-ce qui vous faut de plus ? Une condamnation du tribunal de la bien-pensance ?