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Censurer Charb, c’est l’assassiner une seconde fois.

Tandis que Twitter tolère que ses membres puissent assister à des lynchages collectifs -nous rappelant un troupeau de hyènes enragées se jetant férocement sur leur proie- des joutes verbales à coups d’échanges de « FDP » ou encore des menaces de mort à caractère antisémite, il n’est pas pas question qu’ils aperçoivent un soupçon de nudité. Eux qui sont si prudes et innocents, qui n’ont aucun accès à des peintures, des photographies ou des dessins, ne méritent pas de voir une paire de seins. Le petit oiseau bleu, puritanisme oblige, ne permet aucun téton, aucun sein, aucune bite, même s’ils sont peints, photographiés ou dessinés. Le nu artistique n’a qu’à se rhabiller. Laissons La liberté guidant le peuple, de Delacroix, David de Michelangelo ou encore les études anatomiques de Da Vinci pourrir dans la pellicule de notre iPhone. Et si vous avez le malheur de publier une photo où apparaît un appareil génital masculin, vous risquez gros. Marika Bret, figure historique de Charlie Hebdo, en a payé les frais. Depuis la création de son compte Twitter, elle illustre son profil par une caricature de Charb, ironiquement intitulée « Les deux extrêmes se touchent » et sur laquelle on aperçoit un imam et un curé se tripotant mutuellement -preuve irréfutable d’un profond désir de tolérance et d’entraide de la part des deux religieux. Mais Twitter ou plutôt certains utilisateurs du réseaux ayant quelques problèmes avec l’humour en raison d’un nombre de synapses étonnement inférieur à la norme ont signalé ce dessin et ont de facto censuré Charb. Or censurer Charb, c’est l’assassiner une seconde fois. Censurer Charb, c’est accomplir la volonté de l’obscurantisme. Censurer Charb, c’est l’aveu d’être un abruti profond. Ce sont sur ces doux mots que je vous quitte. Je m’en vais dessiner des bites, en l’honneur de Stéphane Charbonnier, de Charlie et pour emmerder Twitter !

M.S.