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À l’heure où tous ses amis de débauche sont passés au quinoa, l’auteur prend conscience que finir comme Bukowski n’est peut-être pas une bonne chose après tout. S’improvisant vulgarisateur scientifique, Frédéric Beigbeder nous plonge talentueusement dans une ère post-humaniste, voyageant de la Suisse aux États-Unis, d’Israël à l’Autriche afin de rencontrer des hommes qui s’évertuent égoïstement à déjouer une fatalité commune à chacun : la mort.

 

À l’heure où tous ses amis de débauche sont passés au quinoa, l’auteur prend conscience que finir comme Bukowski n’est peut-être pas une bonne chose après tout. S’imaginant présentateur d’un toxico-show -où chaque invité pioche au hasard une pilule mystère : Ritaline, méthadone, Captagon, Rohypnol, LSD, MDMA-, l’auteur finit par s’inquiéter pour sa santé. Il passe ainsi des examens qui, contre toute attente, se révèlent bons. Son praticien lui demandera ironiquement s’il n’est pas passé à Lourde. Beigbeder est soulagé. Cependant, après avoir promis à sa fille de 10 ans qu’il ne mourra pas, une bonne santé ne le satisfait pas. Il a besoin de plus : l’immortalité -ou, à défaut, la longévité. « J’ai besoin d’une deuxième chance : je ne demande pas grand-chose, juste un siècle supplémentaire. Une existence de rattrapage » dit l’auteur. Il mettra ainsi en œuvre tous les moyens possibles pour parvenir à ses fins (et non pas à sa fin).

S’improvisant vulgarisateur scientifique, Frédéric Beigbeder nous plonge talentueusement dans une ère post-humaniste, voyageant de la Suisse aux États-Unis, d’Israël à l’Autriche afin de rencontrer des hommes qui s’évertuent égoïstement à déjouer une fatalité commune à chacun: la mort. Il entraîne dans son périple sa fille, sa compagne -avec qui il aura durant l’intrigue une autre fille- et Pepper, un robot humanoïde (développé par la société SoftBank Robotics et disponible pour la modique somme de 20 000 $). « Un couple, un robot et une pré-ado déjouent la mort », ça sonne comme le début d’une mauvaise blague, vous ne trouvez pas ? Pourtant cette science-non-fiction est on ne peut plus sérieuse. Nous y apprenons les diverses méthodes qui permettront à terme de ne plus rendre inéluctable ce qui, aujourd’hui encore, l’est. Méthodes qui portent leurs fruits : un nourrisson atteint d’une leucémie a été sauvé grâce à un traitement génétique, nous savons désormais fabriquer du sang artificiel, faire rajeunir des souris, demain des chiens, bientôt des êtres humains.

Avec Une vie sans fin, Frédéric Beigbeder livre sans doute son roman le plus personnel en y évoquant ses angoisses mais aussi ses espoirs. Grâce à sa plume si particulière et en choisissant l’humour et la légèreté, il nous invite au carpe diem, là où certains se seraient contentés d’adopter une vision pessimiste.